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- La grève du baccalauréat, un marronnier de l’action enseignante ?
Par Laurent Frajerman, professeur agrégé d'histoire, spécialiste de l’engagement enseignant, chercheur associé au Cerlis (Université Paris Cité) Ce post est issu d'un document de travail de mon Habilitation à Diriger des Recherches (en cours). Une nouvelle fois, les professeurs de lycée et leurs syndicats se sont affrontés sur la perspective d’un blocage du baccalauréat, sous le regard des élèves et de leurs parents. Comme toujours, les médias ont accordé une place notable à cette question, le bac conservant son prestige symbolique, contre vent et marées. Et une nouvelle fois, l’examen a résisté, les épreuves se sont déroulées sans encombre. Pour quelles raisons ? Dans l’histoire, une popularité qui reste théorique Depuis les années 1950, la recherche d’une alternative peu coûteuse à la grève classique conforte la forte popularité parmi les enseignants de la grève des examens, laquelle procure un impact conséquent, puisque tout le système scolaire repose sur la certification. Mais toutes les grèves d’examen s’étaient brisées sur un double écueil : d’une part, la possibilité pour l’administration de sanctionner pour « service non fait », loin du mythe de la grève gratuite. D’autre part, la vigilance des parents sur ce sésame indispensable à la carrière de leurs enfants transforme la grève du baccalauréat en action particulièrement impopulaire. L’appel à l’opinion publique s’avère donc contradictoire avec l’emploi déterminé de la grève d’examens. Ajoutons que la relation à l’élève est au cœur de la professionnalité enseignante. L’idée de bloquer le baccalauréat est pourtant régulièrement évoquée, car elle garantit une large audience médiatique. Ainsi, en 1983, Le Monde explique que le président de la Société des Agrégés « fait planer des menaces sur le baccalauréat. » Il précise même quel jour sera prise la décision. Ce suspense s’arrête avant l’épreuve… Car toutes les tentatives ont échoué. Ainsi, en juin 1989, le SNALC appelle à la grève les correcteurs convoqués. On compta 50 grévistes sur 11 149 personnels attendus : 0,44 % ! Ce débat rebondit en 2003, à l’occasion du très puissant mouvement contre une réforme des retraites. Ce mouvement est l’apogée de la surconflictualité enseignante, mais il s’affaiblit et l’aile la plus mobilisée des professeurs cherche une issue dans le blocage du baccalauréat. Idée contestée, par exemple dans une tribune parue dans Libération : « Assurer le bon déroulement de l'examen nous paraît une obligation déontologique et l'indice d'une cohérence par rapport aux fins que se propose le mouvement des enseignants. »[1] L’obstacle de l’opinion publique transforme les discussions avec le gouvernement en théâtre d’ombres, aucun partenaire n’acceptant d’endosser la responsabilité de l’interruption du baccalauréat. Soucieuse de sa popularité, l’intersyndicale (les confédérations CGT et FO, la FSU) rejette « toute action de nature à nuire au déroulement des examens », position confirmée par le syndicat majoritaire dans la profession, la FSU, ce qui provoque l’amertume des professeurs les plus investis[2]. Cet examen inhibe donc la combativité des professeurs de lycée, toujours soucieux de finir le programme. Ils ont beau être plus syndiqués que les professeurs de collège, leur participation globale aux grèves est moindre. En effet, « l’idéologie du service » public et du service à autrui peut autant légitimer que délégitimer les actions des professionnels[3]. Ce que constatent deux professeurs, à l’issue du bras de fer de 2003 : « un seul et même souci, l’opposition à la précarisation du service public, portait les fonctionnaires, d’un même trait, à arrêter le travail et à poursuivre leurs missions. Cet attachement à la mission est un attachement au service public. »[4] La grève du bac de 2019, la seule tentative sérieuse Le blocus du baccalauréat de 2019 est la première tentative sérieuse de grève d’examen depuis 1927[5] en France, même si le résultat est en demi-teinte. Comme le signale le sondeur Jérôme Fourquet, « un tabou est tombé » (Le Figaro, 16 juillet 2019). L’initiative du SNES FSU de lancer une grève des surveillances dès le premier jour, au risque d’empêcher l’épreuve, s’inscrivait en rupture avec la prudence constante du syndicat majoritaire sur ce sujet. Elle n’a pas atteint son objectif (avoir suffisamment de surveillants en grève pour provoquer des perturbations) mais son succès relatif a créé une dynamique, qui s’est manifestée par la rétention de nombreuses copies. Si elle n’était le fait que de quelques milliers de correcteurs, le soutien manifesté par la majorité de leurs collègues a évité qu’ils ne soient isolés, et donc vulnérables. Un contexte nouveau explique cette épreuve de force, peu commune dans le milieu enseignant. D’une part, la réforme du bac a levé les obstacles pédagogiques, puisqu’il ne s’agissait au fond que d’une anticipation de la quasi-disparition de ce rite national. Pour preuve, la réaction de Jean-Michel Blanquer (prendre les notes de l’année de l’élève, ou en inventer si nécessaire) a démontré le peu de cas qu’il fait de l’examen terminal. D’autre part, le mouvement des gilets jaunes n’était pas reproductible dans ce groupe social, mais ces résultats, comparés aux défaites des derniers mouvements organisés par les syndicats, ont impulsé une radicalité nouvelle. Aiguillonnés par le besoin de durcir le ton face à un pouvoir déterminé, les « bloqueurs » — pour l’essentiel militants d’extrême gauches ou néo grévistes radicalisés — se sont tournés vers un moyen d’action puissant, quoique difficile à manipuler. Dans une époque où l’exposition médiatique compte autant que la tonalité des commentaires, l’écho a été à la mesure de leurs espoirs : 162 articles consacrés au mouvement dans la seule presse nationale en juin et juillet, dont au moins 5 éditoriaux. Ce tsunami médiatique était principalement hostile, d’autant que 61 % des Français soutenaient les sanctions financières et disciplinaires dont le ministre menaçait les grévistes (sondage Kantar). Les médias se sont focalisés sur le déroulement des évènements, l’angoisse des élèves, et ont peu relayé le message des grévistes. Mais cela a affaibli l’image du ministre, et souligné auprès du grand public le malaise ambiant dans les salles de professeurs. Si cette lutte atypique démontre la plasticité du répertoire d’action enseignant, elle n’a pas non plus bouleversé son cadre. La grève des surveillances ne durait qu’une journée, et nombre d’enseignants l’ont effectuée dans l’état d’esprit si bien décrit par ce titre d’un article de Libération : « Bac : en grève sans “déranger les élèves” » (18 juin 2019). Même les « bloqueurs » affichaient en réalité un objectif modéré, celui de retarder de trois jours seulement la publication des résultats. Cette pondération du mouvement a sans doute diminué le mécontentement des parents d’élèves, surtout elle était nécessaire pour lever les préventions des enseignants. En 2023 encore, les professeurs ont refusé de perturber le bac. Au fond, cette arme séduit les professeurs par sa radicalité, parce qu’elle leur donne le sentiment qu’ils pourraient ainsi bénéficier de la possibilité de bloquer le pays, si utile aux cheminots par exemple. Mais elle brouille leur engagement professionnel, le sens qu’ils donnent à leur travail et contredit frontalement un objectif essentiel de leurs actions : populariser leurs revendications. Cependant, le bac n’étant plus que l’ombre de lui-même, même si l’inertie lui confère encore une valeur symbolique, cette réticence pourrait disparaitre. [1] Marie-Paule Guerin et Pierre Windecker, « Menacer le bac, un signe dangereux », 16 juin 2003. [2] Geay Bertrand, 2003, Le « Tous ensemble » des enseignants. In : Béroud, S., Mouriaux, R., (dir.), L’année sociale, Syllepse, Paris. [3] Robert, A. & Tyssens, J. (2007). "Pour une approche sociohistorique de la grève enseignante". Éducation et sociétés, n° 20, 5-17, p. 16 [4] Jobard Fabien, Potte-Bonneville Mathieu, « la grève depuis son avenir », Vacarme 1/2004 (n° 26), p. 14-15 [5] Verneuil Yves, « France: la grève du “bachot” de 1927 », Paedagogica Historica, vol. 44, octobre 2008, p. 529–541
- L'encadrement juridique de la grève chez les fonctionnaires d'Etat
Par Laurent Frajerman, professeur agrégé d'histoire, spécialiste de l’engagement enseignant, chercheur associé au Cerlis (Université Paris Cité) Ce post est issu d'un document de travail de mon Habilitation à Diriger des Recherches (en cours). La jurisprudence a été dépouillée intégralement jusqu'en 2020. Le répertoire d’action enseignant dépend étroitement d’une réglementation contraignante, qui le canalise, car « le droit n’a pas pour but unique d’éteindre les conflits ; il les ritualise en les contenant dans des limites et des procédures » (Bonnin, 2013). La réglementation du droit de grève, libérale dans le secteur privé, s’avère plus contraignante dans la Fonction Publique d'Etat, au nom de l’usager et du principe constitutionnel de continuité du service public (Magnon, 2017). Cet arsenal juridique est légitimé par les thèses de Léon Duguit et Gaston Jeze qui arriment le salarié à la spécificité de son travail : le service public (Florence Crouzatier-Durand et Didier Guignard, 2017). Or, ceux qui réclament le plus cette réglementation sont les néo-libéraux, pourtant hostiles audit service public. Dans ce domaine, le droit privé semble perdre de ses vertus, lui qui prévoit qu’un mouvement de grève peut être déclenché à tout moment et qui interdit toutes les mesures visant à lui faire perdre son effectivité… Des contraintes juridiques pour limiter la conflictualité L’État employeur dispose de ressources non négligeables pour brider la conflictualité, comme la notion de « nécessité de service » qui permet à la hiérarchie de proximité de contester les droits des fonctionnaires, sous le contrôle du juge administratif néanmoins (Merley, 2017). À ceux qui pourraient s’en étonner, rappelons que « le droit en général, et les règles relatives à la grève en particulier ne sont jamais que le résultat de différents rapports de force » (Melleray, 2003). Ainsi, depuis 1963, les grèves tournantes sont interdites. Pour autant, comme le signale une haute fonctionnaire de la DGAFP : « en pratique, les affaires disciplinaires sont très rares et les dépôts de plainte quasi inexistants (Krykwinski, 2009). En effet, « tout encadrement procédural des grèves est assez illusoire » en l’absence de consentement des intéressés, « la masse des insoumis étant trop grande », ce qui a été constaté notamment en 68 (Sinay, 2015). Faire grève 1 heure, perdre une journée de salaire Si sous l’impulsion de l’Union européenne, on assiste à une homogénéisation des droits de la fonction publique et du travail, ce processus s’arrête aux restrictions à l’exercice du droit de grève des agents publics[1]. Un récent recours de la CGT contre la règle du 1/30 indivisible montre pourtant que cette situation peut évoluer : le Comité européen des droits sociaux considère que la France enfreint la Charte sociale européenne car ce dispositif « entraîne une retenue disproportionnée sur le salaire des grévistes et revêt un caractère punitif ». Le CEDS relève par ailleurs l’absence de « justification objective et raisonnable » à la différence de traitement entre les agents de la FPE et ceux de la FPT et de la FPH. Mais le combat juridique ne fait que commencer. L’ensemble des fonctionnaires est pénalisé par la règle du trentième indivisible (la perte d’une journée de salaire même si la durée de grève est inférieure). La droite restaure cette disposition abrogée par la gauche avec l’amendement Lamassoure (loi du 13 juillet 1987). Les raisons comptables historiquement invoquées ont pourtant disparu avec l’informatisation des services et ne sont pas de mise dans les entreprises… Durant la période 1982-1987, on peut mesurer l’effet d’une retenue sur salaire proportionnelle au temps de grève sur l’usage des grèves courtes dans la FPE (figure 8). Celui-ci n’est pas totalement négligeable (88 000 équivalents JINT en 1983, soit pas moins de 280 000 grèves d’une heure), toutefois il reste marginal par rapport à la grève d’une journée. Celle-ci reste l’arme privilégiée des fonctionnaires, soit par tradition, soit parce qu’elle correspond le plus à leur problématique, elle ne bénéficie pas non plus d’un report des grèves courtes lors du retour du trentième indivisible. On peut en déduire que les débrayages étaient employés dans les conflits locaux, entre les hiérarchies intermédiaires et leurs subordonnés. Effet de l’amendement Lamassoure sur les grèves des fonctionnaires d’État Le service minimum d’accueil dans les écoles, une arme non létale La création du service minimum d’accueil (SMA) dans le premier degré renforce cette tendance autoritaire. La loi du 23 juillet 2008 ne réquisitionne pas les enseignants, mais institue un accueil municipal pour les élèves lorsque plus de 25 % des professeurs de l’école annoncent leur intention de faire grève. Nulle restriction directe du droit de grève (qui ne représente officiellement que l’un des cas de figure d’application de la loi), simplement la volonté d’en atténuer les conséquences pour les usagers. Ce qui démontre en creux que la grève enseignante n’est pas sans effet… La popularité du SMA ne surprend donc pas[2]. Après une période d’opposition frontale, caractérisée par une véritable guérilla juridictionnelle, le Parti Socialiste a maintenu le dispositif en l’état une fois revenu au pouvoir. Les juristes sont unanimes à considérer que cette loi vise à un évitement de la grève. En effet, pour que l’administration informe les mairies, les professeurs des écoles doivent remplir une déclaration d’intention préalable deux jours ouvrés avant la grève. Cette exigence « restreint concrètement la marge de liberté personnelle des candidats grévistes. » Elle freine la dynamique des luttes. De plus, le préavis ne peut être déposé qu’après une période de négociation de huit jours. Le délai de prévenance se trouve ainsi allongé de façon conséquente (de 5 à 13 jours). Cette « combinatoire des dispositions nouvelles participe à la dissuasion de chacun de faire grève » (Wallaert, 2009, pp. 825 et 827). Mais en pratique, comme la jurisprudence est très souple sur ce préavis et que déclarer son intention n’oblige pas à faire grève (Petit, 2017), le système est fragile. Pour l’instant, les chiffres officiels attestent généralement d’une adéquation entre les intentions et les résultats définitifs, avec un écart de 0,63 point le 12 février 2013 et de 2 points le 14 novembre 2013. Les professeurs des écoles répugnent à recourir à de fausses déclarations, par légalisme et pour éviter des représailles de leurs inspecteurs. En revanche, dans l’académie de Paris, moteur du conflit sur les rythmes scolaires, l’écart relevé aux mêmes dates pourrait correspondre à une tactique syndicale de désorganisation du SMA : 7,9 points d’écart puis 9[3]. Aujourd’hui, le SMA apparaît comme une arme non létale. La conflictualité avait même augmenté dans le premier degré après son adoption. Il Le fameux arrêt Omont : une épée de Damoclès Cette jurisprudence du Conseil d’État (7 juillet 1978) ne sera partiellement appliquée dans toute la FPE qu’à partir de la circulaire du 30 juillet 2003[4], alors qu’elle émane d’une problématique essentiellement enseignante. L’arrêt pose le principe que : « le décompte des retenues à opérer sur le traitement mensuel d’un agent public s’élève à autant de trentièmes qu’il y a de journées comprises du premier jour inclus au dernier jour inclus où cette absence de service fait a été constatée, même si, durant certaines de ces journées, cet agent n’avait, pour quelque cause que ce soit, aucun service à accomplir ». Autrement dit, l’enseignant qui fait grève le vendredi et le lundi suivant perd quatre jours de salaires, car l’intervalle entre deux jours de grève constatés est considéré par extension comme faisant partie de la grève. L’administration n’ayant aucun moyen de savoir si l’agent se considère en grève durant cette période, le Conseil d’État tranche par défaut dans ce sens. La doctrine juridique a souvent critiqué cet arrêt : « Outre qu’elle méconnaît la manière dont nombre d’enseignants font concrètement grève (rattrapant leurs heures de cours alors même qu’il est de principe qu’un rattrapage du service ne permet pas d’éviter une retenue sur traitement à l’inverse de la solution applicable en droit du travail ; continuant à assurer la part “invisible” de leur service en préparant leurs cours, corrigeant leurs copies ou pour les enseignants du supérieur en poursuivant leurs travaux de recherche), cette solution est assurément “radicale”. » (Melleray, 2003) Par ce raisonnement baroque, le CE fait converger les retenues financières du public et du privé pour les grèves longues, qui avantagent les fonctionnaires. Dans le public, la retenue sur salaire est forfaitairement fixée à 1/30 pour un jour de grève, alors que dans le privé, elle est strictement proportionnelle à la durée d’interruption du travail. En outre, selon la jurisprudence de la Cour de cassation, l’exercice de la grève pour les salariés de droit privé entraîne la suspension du contrat de travail et donc la perte de la rémunération pendant toute la durée de la grève, y compris pour les jours où le salarié ne travaille pas[5]. En pratique, dans le privé, une grève d’un mois aboutit à une absence totale de salaire, tandis que le fonctionnaire touche quand même au moins un tiers de son traitement (puisqu’on ne retire habituellement que les jours de présence, soit 20 jours environ pour un fonctionnaire classique, et 16 jours pour un professeur dont le service hebdomadaire est concentré sur quatre jours). Si l’arrêt Omont est appliqué, tous perdent un mois de salaire. Le seul avantage des fonctionnaires en matière de grève disparaît. Ces règles sont “incontestablement sévères, peut-être même trop (…). Cela explique sans doute qu’elles ne sont pas toutes ni toujours appliquées, ce qui les rend assurément plus supportables, mais pose la question de leur validité” (Melleray, 2003)… En effet, les gouvernements hésitent toujours à imposer l’aspect le plus tendancieux de l’arrêt Omont : des retenues sur les jours sans service à accomplir. Même en 2003, le gouvernement a renoncé au dernier moment à l’appliquer dans toute sa rigueur, craignant une rentrée scolaire agitée : les jours fériés et les dimanches n’ont pas été défalqués des feuilles de paie. Pour se justifier, le ministre Luc Ferry critique la logique du Conseil d’État : “il est évident (…) que les jours fériés ne font pas partie des prélèvements pour fait de grève”. Il justifie les prélèvements sur les jours de la semaine durant lesquels les professeurs du secondaire n’ont pas cours par l’égalité avec les professeurs du primaire, présents tous les jours dans leur école[6]. Cette jurisprudence constitue donc une arme de dissuasion, que même les gouvernements les plus conservateurs hésitent à employer. Arme fragile, dans la mesure où tous les recours juridiques n’ont pas été exercés contre cette disposition. Les tribunaux contre les retraits protestataires L’usage collectif du droit de retrait est une « forme “moderne” et “post-industrielle” de la grève » (Icard, 2013). Ce droit a été créé dans le privé par les lois Auroux, en 1982 ; pour la FPE, l’article 5-6 du décret n° 95-680 du 9 mai 1995 stipule : « Aucune sanction, aucune retenue de salaire ne peut être prise à l’encontre d’un agent ou d’un groupe d’agents qui se sont retirés d’une situation de travail dont ils avaient un motif raisonnable de penser qu’elle présentait un danger grave et imminent pour la vie ou la santé de chacun d’eux. » Normalement, le retrait est exercé comme solution d’urgence pour éviter un danger, non pour porter un message revendicatif. Or, les retraits protestataires se multiplient dans l’éducation (25 % des procès concernant la FPE), avec un profil type : un établissement du second degré situé en zone sensible dans lequel l’équipe éducative unanime exprime son indignation devant les violences. Ces signaux d’alarme suscitent médiatisation et empathie de l’opinion publique. La jurisprudence tâche de contenir ce détournement du droit de retrait (Pauliat, 2010). Fondamentalement, c’est un « droit individuel qui s’exerce individuellement » alors que la grève « est aussi un droit individuel, mais exercé cette fois collectivement » (Verkindt, 2014). Mais comment discerner l’éventualité prévue par le décret du « groupe d’agents » qui refuse au même moment d’encourir un risque commun ? Les tribunaux tranchent au cas par cas, du fait du caractère subjectif de ce droit, référé au sentiment individuel qu’existe un danger grave et imminent. Au printemps 2010, dans les lycées voisins de Vitry et Thiais, les enseignants décident en assemblée générale d’en appeler au droit de retrait et participent sur ce temps libéré à des manifestations médiatisées, fournissant un exemple de cessation concertée et collective du travail. D’ailleurs, signe de la confusion, les médias évoquent dans les mêmes articles une grève et un droit de retrait[1]. Pourtant, le rectorat, conforté par la justice, a procédé à des retenues de salaire uniquement au lycée de Vitry, le plus en pointe dans l’action. Moins de 5 % des droits de retrait sont acceptés par le juge administratif, la doctrine juridique conviant « à utiliser avec modération » ce droit, comme pour « toute bonne chose » (Lemaire, 2013) ! L’administration n’a jamais usé de la faculté de procéder à une sanction disciplinaire ainsi qu’à une procédure pour abandon de poste. Cet exercice illégal du droit de grève — aucun préavis n’étant déposé — pourrait en effet « accréditer l’idée d’un refus d’obéir » (Guillet, 2010). La pratique évolue vers une forme moderne du débrayage, avec des retraits d’une demi-journée ou d’une journée. Même soumis à retenue sur salaire, le retrait protestataire subsiste, parce qu’il conserve son efficace médiatique, comme marqueur de la gravité des violences scolaires et aussi parce qu’il permet de s’émanciper des contraintes de l’arrêt Omont, en légitimant des arrêts de travail continus sur de nombreux jours. *** La pérennité de la conflictualité enseignante n’est pas garantie, les enseignants étant confrontés au renforcement des contraintes internes — retenues sur salaire plus conséquentes, service minimum d’accueil, durcissement du management — et à un contexte politique défavorable. Mais les mouvements récents et actuels le démontrent : ces obstacles sont loin d’avoir annihilé leurs mobilisations. La tenace volonté du législateur et du Conseil d’Etat de canaliser la conflictualité des fonctionnaires a souvent été contrecarrée par leur ingéniosité dans l’utilisation de l’arme du droit, voire par la création d’une jurisprudence syndicale, lorsque le rapport de force le permet. Bibliographie Bonnin, V., 2013, Les limitations du droit de grève fondées sur les droits des tiers au conflit, Droit social, p. 424 Crouzatier-Durand Florence et Kada Nicolas (dir.), 2017, Grève et droit public. 70 ans de reconnaissance, Presses de l’Université Toulouse 1, LGDJ Guillet, N., 2010, Les conditions de la reprise du travail après l’exercice du droit de retrait dans la fonction publique, L’actualité juridique, droit administratif (AJDA), p. 2157 Icard, J., 2013, Exercice du droit de retrait, Les Cahiers Sociaux 257. Krykwinski, C., 2009, Grèves et service minimum. État des lieux de la réglementation, Les Cahiers de la fonction publique et de l’administration 292. Lemaire, F., 2013, Le droit de retrait dans la fonction publique, AJDA, p. 257. Magnon, Xavier, 2017. Le point de vue du constitutionnaliste : Quel(s) sens de l’alinéa 7 du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 ? In Crouzatier-Durand et Kada, Grève et droit public, op. cit., pp. 39-58. Merley Nathalie, 2017. Le point de vue de l’administrativiste : la jurisprudence administrative facteur de fragilisation du droit de grève dans les services publics In Crouzatier-Durand et Kada, Grève et droit public, op. cit., pp. 59-80. Pauliat, H., 2010, Le droit de retrait, protection du fonctionnaire ou substitut à l’exercice du droit de grève ?, Complément territorial, pp. 34-38 Petit Franck, 2017, « Le droit de grève dans les services publics : un puzzle à recomposer ? » Droit social. Sinay, H., article Grève, Encyclopædia Universalis. Verkindt, P. Y., 2014, De la nécessaire distinction du droit de retrait et du droit de grève, Les Cahiers Sociaux 264. Wallaert, S., 2009, Les derniers développements du droit de grève dans les services publics, Revue de la recherche juridique 127 (2), pp. 805-834. Notes [1] Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’État, « Droit du travail et droit de la fonction publique », 17 janvier 2014. https://www.conseil-etat.fr/actualites/discours-et-interventions/droit-du-travail-et-droit-de-la-fonction-publique [2] Sondage BVA/PEEP de septembre 2007 auprès de 800 parents d’élèves, 78 % se déclarent favorables à cette idée. [3] Communiqués de presse du MEN, sur education.gouv.fr. [4] JO n° 179, texte n° 60. [5] Arrêt de Cass. soc., 24 juin 1998, Bull. 1998 V, n° 335, p. 253. [6] Le Monde avec AFP et Reuters, 28 août 2003. [7] « Les enseignants du lycée polyvalent Guillaume-Apollinaire poursuivent leur grève », Le Monde.fr avec AFP, 17 février 2010.
- Amplifier, intensifier et démocratiser la mobilisation contre la réforme des retraites
Par Laurent Frajerman, professeur agrégé d'histoire, spécialiste de l’engagement enseignant, chercheur associé au Cerlis (Université Paris Cité) L’actuel mouvement social contre la réforme des retraites déjoue les pronostics pessimistes sur le syndicalisme et les mobilisations sociales. Trois ans seulement après 2019, une puissante vague déferle sur le pays, dans laquelle aucune force n’est en mesure de contester le leadership syndical. Dans le terrain d’observation qui est le mien, le monde enseignant, le regain de conflictualité s’observait avant, par exemple avec la grève surprise du 13 janvier 2022 qui a causé la mort politique de Jean-Michel Blanquer[1]. Mais si jusque-là la stratégie des organisations syndicales a été opératoire, elles sont confrontées à un défi : comment éviter de rééditer l’échec de 2010 ? Ce mouvement contre une réforme qui retardait déjà de deux ans l’âge de la retraite, reposait essentiellement sur des manifestations nombreuses et très puissantes et était déjà dirigé de facto par les secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT. Il connût mi-octobre 2010 une accélération du tempo, des départs de grève qui ne se généralisèrent pas, puis un tunnel de 9 jours jusqu’au temps fort suivant, qui marqua le début du reflux. Ces manifestations, étalées sur six mois, n’ont pas suffi face à un pouvoir déterminé. [1] Alors que Blavier, P., Haute, T. & Penissat, É. affirmaient que « les mobilisations grévistes ont décliné dans la Fonction Publique, et notamment dans l’Éducation nationale, depuis la fin des années 2000 », in « La grève, entre soubresauts et déclin ». Mouvements, 103, 2020, p. 11-21. Une stratégie dictée par des contraintes structurelles Aujourd’hui, l’intersyndicale adopte un répertoire d’action éprouvé, considéré comme le gage d’un large rassemblement. Ce choix s’inscrit dans un contexte bien connu : nombreux déserts syndicaux ; repli du syndicalisme sur les salariés les plus diplômés des grandes entreprises et des professions à statut (fonctionnaires, services publics etc.) ; réduction fréquente du militantisme à des équipes d’élus dont les missions sont consacrées à la représentation institutionnelle des salariés dans les relations du travail ; quasi-disparition de la culture gréviste dans le privé. Depuis plusieurs décennies, seuls les salariés de secteurs vitaux pour l’économie (principalement transports et raffineries) ont réussi des grèves reconductibles, qui tiennent du mirage dans d’autres professions. Ajoutons que la fragmentation syndicale perdure, alors qu’elle semblait devoir reculer avec l’adoption en 2008 d’une loi changeant les règles de représentativité. La CFDT et la CGT, à coup de condamnations réciproques, s’enferment dans des postures opposées et tout aussi stériles. En considération de ce morne paysage, l’actuel conflit montre une résilience du mouvement social. Tout d’abord en affichant une unité syndicale - absente à ce niveau depuis 12 ans - dont la solidité tient au constat que le sort des organisations est lié autant qu’à la politique de dislocation du dialogue social. Après avoir dédaigné les corps intermédiaires, Emmanuel Macron découvre qu’il n’a plus d’interlocuteur solide. Ensuite, en obtenant le soutien de l’opinion publique grâce aux failles de l’argumentaire officiel et à une stratégie pacifique. En témoigne, la fin - provisoire ? - des affrontements graves qui dissuadaient de nombreuses personnes de manifester. Cette attitude est d’autant plus notable que de nombreux commentaires mettent les victoires des gilets jaunes au crédit des violences qui ont émaillé leur mouvement… L’effet recherché dans une stratégie axée sur les manifestations est de compenser l’absence de généralisation de la grève. L’intersyndicale, après avoir hésité, a ainsi choisi de défiler un samedi. Le 11 février 2023 a connu une forte affluence avec 963 000 personnes dans toute la France selon le ministère de l'Intérieur. Le profil des citoyens mobilisés s’est effectivement diversifié, avec un caractère familial remarqué. Mais ce n’était pas le raz de marée espéré : seulement 138 000 manifestants de plus que le samedi 16 octobre 2010. La mobilisation reste toujours plus forte en semaine que le week-end, car les luttes sociales s’enracinent dans un collectif de travail. Enfin, comme en 2010, ce mouvement s’enracine dans la France périphérique, déborde des zones de force syndicales. L’intersyndicale offre à une partie du salariat, et notamment les catégories les plus populaires, un cadre pour exprimer sa colère. Ajoutons que le mouvement des gilets jaunes a pu socialiser à l’action une fraction de cette population. Cette extension se vérifie à d’autres niveaux. Ainsi, habituellement, les grèves réussissent moins dans les établissements scolaires de fin de carrière, ceux dont le public est le plus aisé. C’est l’inverse aujourd’hui, car la réforme n’épargne pas les salariés qui s’apprêtent à prendre leur retraite et voient leurs projets d’avenir contrariés. Pour réussir la séquence du 7 mars : élargir et intensifier Cette stratégie a porté ses fruits dans un premier temps, toutefois le durcissement du discours de l’intersyndicale montre qu’elle a conscience du besoin de réussir l’étape suivante. Comme en France, les grandes manifestations n’ont jamais à elles-seules fait reculer un gouvernement, celui là compte sur le découragement des protestataires et surjoue la sérénité. Tout l’enjeu pour le mouvement syndical est donc de parvenir à bloquer le pays. Un obstacle réside dans l’anticipation de la défaite par beaucoup des salariés mobilisés. La majorité des enseignants ne se voyait pas participer à plus de deux grèves. Si leurs difficultés financières sont indéniables, celles d’autres salariés en grève le sont encore plus. Par fatalisme, les enseignants opèrent un arbitrage défavorable aux actions les plus coûteuses (en argent, mais aussi en temps). 57 % d’entre eux considéraient en 2017 que, « dans le contexte actuel, faire grève ne sert plus à rien » (questionnaire scientifique Militens). Comment accepter des sacrifices élevés si l’on ne croit pas à ses chances de succès ? La grève devient alors un mode d’expression, plus qu’un moyen de peser réellement. Le terme même de « mouvement social » indique l’importance de la dynamique de la lutte, le fait qu’elle repose sur la mise en branle des salariés. Seul un rythme soutenu et croissant peut briser la résignation et obtenir cette alchimie qui décide des millions de salariés de faire tout leur possible, de se lancer dans des actions inimaginables auparavant. Il s’agit de résoudre un paradoxe redoutable : comment mettre le pays à l’arrêt quand la grève générale semble exclue dans les faits ? Demander à un salarié de passer de 1 h à une journée de grève est crédible. Généraliser et diversifier les actions, élargir le nombre de salariés en lutte, sont des objectifs réalistes. Il est ainsi envisageable de mobiliser plus fortement les 26 % de professeurs dont la conflictualité est occasionnelle, qui recoupent partiellement ceux dont l’image de la grève est mitigée[2]. Le mouvement est confronté à une exigence d’inventivité. En 2018, le système mis au point par les syndicats de cheminots (un rythme de deux jours de grèves suivis de trois jours normaux) avait dérouté la direction de la SNCF, mais son application trop rigide lui avait permis de s’adapter in fine. Aujourd’hui, avec la multiplication des caisses de grève, l’idée chemine d’assumer la grève par procuration en compensant les efforts des salariés placés à des postes stratégiques. Quel rythme adopter ? Quel usage des outils numériques ? Le mouvement social a besoin de trancher démocratiquement les questions en débat. On comprend que l’état-major intersyndical se méfie des groupes militants radicaux, qui voient dans les réunions ouvertes autant d’occasions de bénéficier d’un auditoire, mais il ne peut tout centraliser, au risque de priver le mouvement de sa sève. A mon sens, la plus grande faille se situe à ce niveau : la faiblesse de la participation à beaucoup d’assemblées générales, que ne compensent pas les boucles Whatsapp. On ne s’engage pas dans l’action collective d’une manière individuelle, à distance, en déléguant les décisions. Ce phénomène montre aussi que la bataille n’est pas pleinement engagée, même pour les salariés mobilisés, qui ont besoin de se l’approprier davantage. Syndiqués peu militants et non syndiqués pourraient alors se joindre plus massivement aux syndicalistes dans leurs actions de sensibilisation (distributions de tract, collages d’affiches, visites dans les entreprises) essentielles pour amplifier la mobilisation. *** Quelle que soit l’issue de ce conflit, l’enjeu pour les syndicats sera de convertir sa force ponctuelle en renforcement durable de leur position. On peut supposer que le rapport de force sera plus en faveur des syndicats, leur conférant plus de chance d’obtenir des arbitrages favorables, de mettre certaines de leurs préoccupations à l’agenda. Ils y parviendront d’autant mieux qu’ils sauront préserver l’actuelle unité d’action. Certes, la logique de bloc correspond à des positionnements profondément différents, mais en confortant une fracture regrettée par les salariés, elle a un effet dissuasif. [2] Indices synthétiques dont la cohérence a été vérifiée avec le test Alpha de Cronbach, enquête Militens. Premier indice construit avec la participation à plusieurs grèves et manifestations, second issu des questions suivantes : La grève permet de faire entendre ses revendications ? Faire grève, c’est pénaliser les élèves ? La grève a un coût financier trop élevé pour ses participants ? La grève permet de créer un rapport de force ? La grève permet de faire entendre ses revendications ?
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- Engagement, mouvements sociaux & éducation | L. Frajerman
Laurent Frajerman Engagement, mouvements sociaux & éducation Entre hussards de la République et #profbashing , les enseignants suscitent mythes et controverses, en raison de leur militantisme ancré à gauche, de la force de leurs mobilisations et de leur syndicalisme. Ce site offre des ressources variées pour comprendre les mouvements sociaux, les modes d'engagement et les politiques publiques en général, à travers le prisme des enseignants : Avec des publications de format différent : du tweet au livre , en passant par des articles, passages TV et radio... Avec des analyses qui relèvent de la recherche, mais aussi de l'expertise (médias , blog , tweets ) Sur trois thématiques : Engagement enseignant , Métier & politiques éducatives , Mouvements sociaux Depuis la genèse du syndicalisme (Troisième République) jusqu'aux enjeux contemporains Laurent Frajerman Mar 21 5 min La grève du baccalauréat, un marronnier de l’action enseignante ? Laurent Frajerman Mar 5 10 min L'encadrement juridique de la grève chez les fonctionnaires d'Etat Laurent Frajerman Feb 27 6 min Amplifier, intensifier et démocratiser la mobilisation contre la réforme des retraites #culture professionnelle #identités collectives #pédagogie #métier #grève #syndicalisme #statut #éducation populaire #management #politique Intro accueil Ouvrages Comment expliquer le succès actuel de la FSU et son imprégnation paradoxale par la culture syndicale créée par la Fédération de l’Education nationale ? Il faut revenir à la IVe République, dans une période marquée par l’essor du communisme en milieu enseignant et par la mise en place d’un modèle syndical original. Syndicat de masse et à bases multiples, réformiste, la FEN joue en pleine guerre froide un rôle de médiation entre la CGT et FO, participe à la gestion du système éducatif en y représentant les identités professionnelles. La FEN instaure un mode de gestion du pluralisme interne officialisant les tendances, tout en combattant fortement la minorité favorable à la CGT (le courant unitaire ou Unité et action). Or, loin d’incarner une alternative révolutionnaire, le courant unitaire constitue une version musclée de ce modèle. Qu’a-t-il apporté à la majorité réformiste de la FEN, en quoi a-t-il en retour été influencé ? Quel aspect prime dans les interactions à l’œuvre entre ces frères ennemis : l’idéologie, la profession, le niveau de militantisme ? Ce livre, fruit de 20 ans de recherches, croise sources orales, archives inédites et une abondante littérature militante. Il analyse finement la cohabitation de deux cultures syndicales dans la FEN (celle des instituteurs du SNI et des professeurs du SNES), l’articulation entre les structures locales, nationales et fédérales... Les pratiques militantes sont autant explorées que les discours. Des clés pour comprendre le syndicalisme enseignant , d’hier comme d’aujourd’hui. Présentation et livre gratuit Les enseignants sont réputés pour la récurrence et la force de leurs grèves . Pourtant, ils doutent de son efficacité. Quel bilan tirer des différentes grèves enseignantes ? Penser et faire l'école. Un dossier éclectique de la revue La Pensée réunissant les points de vue d'Antoine Prost, Anne Barrère, Jérôme Deauvieau, Guy Coq, Christian Laval, Stéphane Bonnéry, et moi. L'ouvrage de référence sur l'histoire de la Fédération de l’Éducation Nationale. Avec une bibliographie complète, des documents d'époque et un guide des sources. Présentation et introduction Présentation et dossier gratuit Présentation et livre gratuit Ouvrages Radio-Vidéo (chaîne Youtube , 73 extraits : @laurent.frajerman ) L. Frajerman avec Yves Calvi, BFMTV, 1 mai exceptionnel, 26 avril 2023 Play Video Facebook Twitter Pinterest Tumblr Copy Link Link Copied Now Playing L. Frajerman avec Yves Calvi, BFMTV, 1 mai exceptionnel, 26 avril 2023 01:15 Play Video Now Playing L. Frajerman sur France TV Info, échec récit présidentiel , 30 avril 2023 01:35 Play Video Now Playing L. Frajerman avec Anne Seften, LCI, constitution sacrée ?, 28 mars 2023 00:54 Play Video Now Playing L. Frajerman à Public Sénat, syndicalisme et politique, 20 avril 2023 01:33 Play Video France Culture, Etre & savoir, 31 mai 2021, pénurie profs Europe 1, club des idées , 3 juin 2021 , "Faut-il supprimer le bac ?" Radio vidéo Engagement enseignant L’engagement des enseignants : entre mutation et continuité Enjeux UA : Vous analysez l’engagement des enseignants dans une perspective socio-historique, avec des travaux portant sur l’ensemble du XXe siècle. Quel est son trait saillant ? Laurent Frajerman : Incontestablement le surengagement, que ce soit sur le plan de la conflictualité, du taux de syndicalisation, de la participation à de multiples organisations. Ce n’est pas spécifique à notre pays. Dans le monde entier, les enseignants sont à la pointe des mouvements sociaux, du fait notamment de leurs faibles salaires, de leurs compétences et de leur choix d’un travail pour autrui. L’engagement est consubstantiel au métier, ce qui explique sa corrélation avec le niveau d’intégration au monde de l’éducation nationale. Enfin, les caractéristiques du travail enseignant ont très tôt favorisé un militantisme non militaire, ouvert à l’expression des individualités. Paru dans "Enjeux" n°268, mars 2021 articles phares Radio-Vidéo France Info, 11 mars 2023, manifestation, mouvement France Culture, 4 03 2020, déclassement enseignant TF1, JT 20 h, 3 nov 2019, résultat des évaluations CE1 Sud Radio, 23 nov 2022, L'uniforme à l'école ?
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